Paper presented at the ICOM International Conference in Barcelona on 3 July 2001.
Louvain-la-Neuve : là où
l'Université catholique de Louvain a créé une ville avec son
musée
Bernard Van den Driessche
Administrateur du Musée de Louvain-la-Neuve
L'Université catholique de Louvain a 575 ans
Fondée en 1425, l'Université catholique de Louvain fête
depuis l'année dernière son 575e anniversaire. La longue histoire
de l'Université est célébrée actuellement dans des
expositions promenades regroupées sous le titre "Aller-Retour. Kennis
maken. Town and gown" qui se tiennent à la fois dans la ville de
Louvain(Leuven) et celle de Louvain-la-Neuve. Car il faut le rappeler ici,
très brièvement, le dernier grand événement qui a
marqué l'histoire de notre Université est celui de sa division, en
deux entités séparées, pour des raisons linguistiques et
politiques propres à notre pays.
En 1970 en effet, une loi accorde la personnalité civile à deux
universités distinctes, l'une flamande qui reste à Leuven, l'autre
francophone, qui émigre en Wallonie à une trentaine de
kilomètres au sud-est de Bruxelles, sur une terre de près de 1 000
hectares . L'Université catholique de Louvain y crée une ville
nouvelle, avec pour nom Louvain-la-Neuve, toujours en expansion aujourd'hui.
Pour des raisons de stratégie propre à ses fonctions la
Faculté de médecine sera cependant implantée à
Bruxelles.
L'Université catholique de Louvain représente actuellement une
large communauté internationale : 20 000 étudiants de plus de 100
nationalités différentes, un staff de 5 000 enseignants,
chercheurs et collaborateurs, 200 unités de recherche, 150 000 anciens
dans le monde entier. C'est une université complète, qui forme
près d'un universitaire sur deux dans toutes les disciplines en Belgique
francophone.
L'histoire commune de l'Université et dans sa phase plus récente
celle qui, va de 1835 (soit cinq ans après la constitution de l'Etat
belge) jusqu'aux années 1960 témoigne, comme dans d'autres
institutions européennes, de la multiplication de création de
collections destinées à soutenir presque toutes les disciplines
enseignées.
Une longue notice non signée parue dans l'annuaire de
l'Université de 1851 a fait le point sur "les collections scientifiques de
l'Université de 1835 à 1850" et permet d'avoir une vision de la
situation à ce moment.i Par ailleurs les mêmes annuaires de
l'Université permettent de mettre en exergue la diversité des
ensembles qui sont au moins répertoriés pendant un peu plus d'un
siècle par la mention de leur localisation dans un bâtiment
académique. On est surpris de découvrir ainsi que plus d'une
quarantaine d'ensembles repris sous le vocable de "Cabinet", "Collection" ou
"Musée" ont existé. La dernière appellation qui est encore
celle qui prévaut dans de nombreuses universités de par le monde ne
correspond pas nécessairement à la notion actuelle de musée
et certainement pas à celle numériquement plus réduite
encore de musées ou collections universitaires régulièrement
accessibles au public.
La plupart des ces collections ont soit connu des développements
importants mais limités dans le temps (c'est par exemple le cas du
musée de Zoologie ou de celui du musée Houiller), ont soit
survécu mais sans avoir pu se développer pour constituer de
véritables "Musées" ou enfin ont tout simplement disparu. Seules
les collections d'art et d'archéologie font exception et sont à
l'origine du musée actuel dont le développement continue encore
aujourd'hui avec le projet d'un nouveau bâtiment qui sera
érigé sur la place principale de la nouvelle ville.ii
Des collections de moulages et d'originaux.
Sans vouloir entrer dans tous les détails de l'histoire des
collections qui ont été à l'origine de la création du
musée sous sa forme actuelle, il convient d'en évoquer ici
brièvement les grandes étapes. Un musée n'est-il pas
d'abord constitué en effet d'un patrimoine ?
L'origine des collections remonte à un ensemble de moulages et de
photographies qui avait été rassemblés dès 1864 au
lendemain de la Conférence des catholiques et d'une grande exposition
consacrée au patrimoine religieux belge présentée à
Malines. Une riche collection de moulage d'uvres antiques,
médiévales et de la renaissance fut offerte par le gouvernement
grec, à titre d'aide à la reconstruction du patrimoine
détruit pendant la première guerre mondiale et par l'Allemagne dans
le cadre du Traité de Versailles.
De nombreuses uvres originales furent également
acquises au cours du temps, le plus souvent grâce aux professeurs de
l'université: un cercueil égyptien, des objets du Proche-Orient,
pour un "Musée biblique", des antiquités grecques,
étrusques, romaines (Fonds Fernand Mayence), quelques sculptures anciennes
et fragments d'architecture
D'abord installées dans les Halles
universitaires de Leuven, elles furent ensuite aménagées sans
être accessible au public, dans les bâtiments de l'Institut
supérieur d'archéologie et d'histoire de l'art où elles
étaient utilisées pour certains cours.
A la fin des années 1960, une succession de legs et donations enrichira ce patrimoine
commun iii dont une partie a été partagé lors de la scission de
l'Université déjà évoquée.
Le legs historiquement le plus important remonte à 1966 lorsque Frans
Van Hamme faisait don à l'Université de sa collection de
sculptures, peintures, mobilier et arts décoratif du XIVe au XIXe
siècle. Selon le testament, ce legs impliquait la création d'un
musée spécialement destiné à la formation en
histoire de l'art et archéologie "accessible au public et surtout aux
étudiants
". Il coïncidait avec la séparation en
deux sections de l'Université catholique.
En 1975 ce sera la donation de 53 vases antiques (Grèce, Italie
méridionale) par l'Abbé Adolphe Mignot.
En 1986 Serge Goyens de Heusch, collectionneur et ancien directeur d'une
galerie bruxelloise offre au musée 60 uvres d'artistes belges du XXe
s. A sa suite, de nombreuses autres donations d'artistes ont enrichi les
collections d'art moderne.
En 1990, au moment où de grands projets s'élaborent
pour la construction d'un nouveau bâtiment, le musée hérite
du legs de Charles Delsemme qui compte un ensemble important d'uvres
appartenant à différentes époques et cultures.
En 1994 Eugène Rouir offre près de 1500 gravures
couvrant l'histoire de cette technique des origines à aujourd'hui, avec
des noms célèbres comme ceux de Dürer, Callot, Rembrandt,
Canaletto, Goya, Picasso, etc. Cet ensemble constitue à présent
notre Cabinet des estampes.
En 1997 c'est la donation Noubar et Micheline Boyadjian qui entre dans notre
patrimoine avec de nombreux objets d'art et de piété populaires,
des tableaux de peinture naïve ainsi que trente-huit uvres de
Micheline Boyadjian
Très prochainement enfin sera finalisée la donation de la
Fondation Serge Goyens de Heusch pour l'art belge contemporain, comptant
près de 1500 uvres (peintures et estampes) d'artistes belges.
L'inauguration de cette Fondation avait déjà eu lieu dans les
salles du musée en 1983, à l'occasion d'une exposition temporaire
consacrée à septante artistes belges.
Ctous ces dons élargissaient notre patrimoine à l'art moderne et
contemporain belge, à l'esprit du "Musée imaginaire" de Malraux
dans son regard sur les cultures du monde, à l'histoire de l'art de la
gravure, et aux arts dits "naïfs" et "populaires".
L'ensemble des collections anciennes et celles acquises depuis l'inauguration du musée
actuel illustrent une dynamique étroitement lié à l'aventure
de la création de la nouvelle ville.
Louvain-la-Neuve : une nouvelle ville
La ville de Louvain-la-Neuve a été créée par
l'Université catholique de Louvain au moment de sa scission
déjà évoquée. Sur des terrains agricoles
dépendant de la commune administrative d'Ottignies, s'est
développé depuis 30 ans un réel projet urbanistique à
la fois homogène et surprenant.
Depuis la création de Charleroi en 1666, Louvain-la-Neuve est en effet la
première ville neuve conçue en Belgique. Concept des architectes
J.-P. Blondel et R. Lemaire, la première pierre en a été
posée le 2 février 1971 par le roi Baudouin Ier. Le choix
délibéré d'une ville à taille humaine dont la matrice
est l'université, la juxtaposition et l'intégration des
bâtiments académiques dans un tissu urbain organisé sur une
circulation piétonne, la circulation automobile et les aires de
stationnement étant relégués sous une dalle, la place
réservée aux espaces verts et à un lac constituent autant
d'élements caractéristiques de la jeune agglomération.
La multiplication d'infrastructures socio-culturelles (un
théâtre, l'aula magna avec une salle de spectacle de 1300 places, un
centre culturel, un centre musical, le récent complexe de 13 salles de
cinéma, le musée
) de loisirs, d'équipements sportifs
et le développement d'un parc scientifique orienté vers la haute
technologie sont autant d'atouts pour un avenir ancré dans un riche
passé.
La ville compte actuellement environ 25.000 habitants dont
14.000 sont étudiants et marquent encore fortement le rythme de la vie
selon le calendrier académique des périodes de cours et des
vacances.iv
Le transfert des facultés et services de l'Université s'est
échelonné sur sept d'années. De 1972 à 1979, neuf
facultés ont ainsi déménagé progressivement de Leuven
à Louvain-la-Neuve; la Faculté de médecine élira
domicile à Bruxelles. Je vous laisse imaginer ce qu'a pu
représenter un tel transfert d'équipement, de bibliothèques,
de laboratoires, de collections
. sans qu'un seul jour de cours ne soit
jamais suspendu ! La Faculté de Philosophie et Lettres a
été la dernière à rejoindre le nouveau site
universitaire. C'est à l'occasion de son inauguration que fut ouvert le
musée qui occupe 1.000m2 du rez-de-chaussée de son bâtiment,
le Collège Erasme. Musée à vocation autant académique
qu'urbaine. Il constitue à cet égard le premier exemple de ce type
en Belgique.
Le musée actuel est un objet marqué, comme sa ville, par les
transformations de la société et de l'Université subies ou
promues à partir des années '60. Rappelons que le mouvement de
"mai 68" avait dénoncé un enfermement de la culture, dont les
musées étaient considérés comme des témoins
particulièrement représentatif.
On rêvait d'un musée ouvert à la rue, et inspiré à
la fois par la modernité et par la liberté d'un regard personnel,
critique et conscient des stéréotypes véhiculés par
l'architecture, les modes de présentation et les discours
éducatifs.
Lors de son ouverture et malgré sa localisation le dialogue avec la
ville était particulièrement prometteur dans la mesure où
celle-ci se présentait comme un projet où la tradition devait
s'inscrire dans une dynamique créatrice. L'idée de briser le
"ghetto universitaire" devait cependant, pour le musée, s'accompagner
d'une installation dans un bâtiment à fonctions académiques
ce qui a d'ailleurs marqué les limites de sa croissance.v
Universitaire et public
Un nouveau Musée pour une ville nouvelle et une université en
renouveau!", c'est en ces termes que le Directeur du musée, Mr I.
Vandevivere, synthétisait le projet du nouveau musée lors de son
inauguration officielle.
De par sa situation actuelle le musée est inscrit dans la vie quotidienne des
étudiants, des enseignants et des habitants de la ville nouvelle. Son
originalité tient précisément à la combinaison des
fonctions académiques et urbaines quil harmonise depuis sa
création.
Conserver, étudier et exposer un patrimoine; inscrire ces fonctions traditionnelles du musée dans la
formation universitaire et prolonger ces objectifs par une fonction
danimation socioculturelle voilà la fonction de ce musée
depuis plus de vingt ans.
Si de 1979 à 1999 plus de 160 expositions temporaires ont
été organisées, elles l'étaient pour créer un
public plus large et pour participer à une dynamique culturelle dans la
ville nouvelle, sa région et le pays. Avec le Théâtre Jean
Vilar, la Médiathèque de la Communauté Française,
l'asbl MUSIQUE-Louvain-la-Neuve et les diverses associations organisatrices de
concerts, le Centre Culturel d'Ottignies, les nombreux cycles de
conférences, le Musée a manifesté en effet sa volonté
de participer et de générer un espace culturel permanent (par ses
collections) et temporaire (par ses expositions). L'exiguïté des
espaces et la volonté de générer une dynamique d'exposition
nous a conduit dès le début à ne pas cloisonner de
manière rigide le patrimoine permanent ( à l'origine
essentiellement de l'art ancien) des expositions temporaires (le plus souvent
réservées à des artistes contemporains).vi Plusieurs
expositions ont eu pour thème, la ville au sens large, l'art dans la
ville, l'urbanisme, pour marquer la réalité de notre institution
dans le processus de création de cette ville nouvelle.
Par ailleurs, le service éducatif privilégie l'accueil des
groupes scolaires et d'adultes en dehors de la communauté universitaire,
le service informatique développe depuis plus de 10 ans des bornes
multimédias interactives pour le visiteur isolé et prépare
actuellement un programme de bornes individuelles portables pour la visite
individuelle, l'atelier de conservation et de restauration répond
également à des demandes extérieures. Tous ces services ont
inscrit, au fil des ans, le musée dans le projet de cette ville en
développement et avec plus de difficulté dans la structure de
l'université comme il sera expliqué plus en détail au moment
d'évoquer ce point.
La localisation actuelle au rez-de-chaussée d'un
bâtiment académique et l'absence d'identification architecturale
d'un bâtiment autonome constituent cependant encore un obstacle pour bon
nombre de visiteurs qui assimilent cet espace à un lieu
réservé à la seule communauté universitaire
malgré la dynamique de nos activités Quant aux étudiants
régulièrement sollicités par des programmes attractifs
d'expositions temporaires, ils restent trop nombreux encore à n'avoir pas
mis à profit leurs années d'études pour découvrir la
richesse et la diversité des collections permanentes.
Et pourtant l'option d'ouverture et de rencontre des
différentes formes d'art dans une présentation mettant en
évidence le dialogue a participé très tôt à
l'originalité de notre démarche, bien avant ce qui devient
déjà une mode aujourd'hui. Il est vrai que l'exiguïté
de nos espaces (1.000m2 au total) nous avait amené à ouvrir des
espaces de rencontres entre nos collections permanentes et des expositions
temporaires d'artistes contemporains, entre l'approche technologique des arts et
les uvres présentes dans nos collections
vii
Maître-mot : dialogue
L'aventure de notre musée est autant le fruit des circonstances que d'un
plan délibéré. Celui-ci se base sur deux principes
muséologiques évidents mais néanmoins essentiels.
Le musée est d'abord un espace physique de perception,
d'interprétation et de délectation de l'objet. Cet objet y est
valorisé dans sa nature et sa présence matérielle par la
lumière autant que par sa disposition spatiale.
Le musée est ensuite un lieu public. Le visiteur
y est déterminant pour la dynamique de l'institution; sans public il n'y a
pas de musée. L'énergie qu'il apporte répond à celle
de l'institution pour créer un forum. La réalité du
Musée-forum (certains visiteurs ont parlé chez nous de parc-public)
est favorisée par la structure piétonne ainsi que par la
densité et la diversification des constructions de Louvain-la-Neuve,
tandis qu'à son tour le musée joue un rôle urbanistique
certain en particulier au niveau d'une identification culturelle et d'une
polarisation du centre ville.
De la conjonction de ces deux principes, on induit tout naturellement une
politique de présentation des collections et un accueil du public ainsi
qu'un rapport avec d'autres institutions qui se fondent sur le dialogue.
Ce dialogue construit sur le triangle visiteur/objet/institution se prolonge
en outre dans notre musée de manière privilégiée
depuis 1985 avec l'association des Amis du musée et ses
bénévoles. Avec les Amis ce dialogue a suscité de nombreux
donateurs. C'est d'ailleurs cette économie du don , selon les
termes de I. Vandevivere, qui préside à l'accroissement de notre
patrimoine en particulier depuis les dix dernières années, comme
évoqué précédemment dans la description de nos
collections.
Enfin le dialogue se manifeste encore dans l'interaction entre permanence et
mobilité (patrimoine et expositions temporaires), entre présent et
passé (tellement important dans une ville nouvelle encore en
création et cherchant ses repères), entre l'instant (vision
fugitive - notre bulletin bimestriel s'intitule le Courrier du passant) et
la durée (au musée, on y vient et lon y revient).
Une structure au sein de l'Université
Tout ceci ne doit cependant pas faire oublier la position
particulière d'une "entité" telle qu'un musée au sein de
l'Université qui est une institution traditionnellement bien
hiérarchisée et plus encore dans une période plus
récente de son histoire très structurée
administrativement.
Celle de notre musée est particulièrement exemplative à
cet égard.
Au moment de sa création, le musée actuel avait à peine le statut
d'une unité inscrite dans l'organigramme du Département
d'archéologie et d'histoire de l'art, qui est lui-même une
composante de la Faculté de Philosophie et Lettres. Les gestionnaires de
la première heure n'avaient pas de mandat officiel, mais étaient
considérés comme appartenant à une structure provisoire, non
définie, et qui fut maintenue pendant plusieurs années. Le
développement des activités du musée, sa place au sein de
l'université, de la ville et de la société, ses relations
avec le Département d'archéologie et la Faculté de
Philosophie et Lettres ont amené les autorités de
l'université à en modifier le statut. Dans un premier temps (1994)
le Conseil d'administration de l'université a défini la place du
Musée dans la structure de l'UCL. Le 29 mars 1995, il décide
"de localiser le Musée en logistique scientifique et de le doter
d'une structure de gestion particulière". Cela signifie, en ce qui
concerne son statut : "que le Musée devient une entité
autonome par rapport à la Faculté de philosophie et
ou au Département d'archéologie et d'histoire de l'art; que
n'étant pas un département; le Musée a des activités
de recherche et d'enseignement qui doivent être menées en
étroite concertation avec les départements concernés et en
particulier avec le Département d'archéologie et d'histoire de
l'art".
En ce qui concerne ses missions il est précisé
que : le Musée est un outil au service d'activités
académiques d'enseignement et de recherche; le Musée joue un
rôle urbain d'animation de la vie culturelle.
En application de ces décisions, les autorités de l'université ont
récemment défini une structure de gestion du musée et ont
créé en 1998 un Conseil de gestion sur base de propositions
formulées par la direction actuelle du musée. Ce Conseil a pour
mission :
1° veiller au bon exercice de la fonction éducative et
culturelle du Musée, dans sa commune, sa province, sa région et sa
communauté;
2° arrêter la politique en
matière d'acquisition, politique qui lui est proposée par la
direction du Musée;
3° contribuer à la recherche des moyens financiers;
4° arrêter la politique en matière de personnel,
politique qui lui est proposée par la direction du
Musée.
La composition de ce Conseil de gestion, également proposée par
la direction du Musée, reflète la volonté d'ouverture de la
structure de gestion à un partenariat plus large. On y trouve ainsi,
outre des membres appartenant à l'institution universitaire -
l'administrateur général, le pro-recteur en Sciences humaines, deux
autres membres désignés par le Conseil d'administration de
l'université, le Directeur et l'administrateur du musée -, des
représentants des secteurs particulièrement importants pour la
dynamique du musée dans sa dimension culturelle et sociale à savoir
: le Président des Amis du Musée, un représentant de la
Ville d'Ottignies-Louvain-la-Neuve , un représentant de la Province du
Brabant wallon, un représentant de la Région Wallonne (pour les
compétences en matière de tourisme) et de la Communauté
française Wallonie-Bruxelles (pour les compétences en
matière de musées).
Ce nouvel organe, s'il n'a pas encore à ce jour pu être
réellement opérationnel, ne manquera certainement pas de devoir
faire ses preuve pour le projet qui se dessine à l'horizon 2003 et par
lequel je voudrais terminer.
Le musée à l'horizon 2003
Le premier projet d'agrandissement du musée a été présenté aux
autorités, par les Amis du musée en juin 1989.
Le terrain prévu, considéré à l'époque comme le seul
possible pour une extension rationnelle au départ des espaces existants,
était celui situé à flanc de talus en contrebas de
l'église Saint-François d'Assise. Le bâtiment ainsi
construit aurait été mis en liaison avec le musée actuel,
via un passage souterrain, et permettait d'avoir une vue sur le lac. La notion de
visibilité du lac au départ du musée pour mieux affirmer sa
fonction de loisir a été un leitmotiv tout au long des projets
d'agrandissement. L'architecte Jean Cosse en avait esquissé un premier
schéma.
Très rapidement ce projet a pris une ampleur
inattendue dans le contexte du festival Europalia Japon en automne 1989. Une
autre proposition appelée alors "projet post-Europalia Japon" a
été remise aux autorités de l'Université.
L'architecte Kisho Kurokawa fut contacté et tomba littéralement
sous le charme du projet urbain de Louvain-la-Neuve et de l'idée de se
voir confier la réalisation du "Musée du dialogue". Visitant le
site le 11 septembre 1990 il releva le défi de présenter
gracieusement un premier projet L'avant-projet était à ce point
déjà abouti qu'il fut considéré par beaucoup comme un
projet définitif et il fit véritablement l'effet d'une bombe dans
le milieu néo-louvaniste. Le bâtiment articulé en plusieurs
espaces en partie disposés sur la surface du lac illustrait le principe de
la symbiose prôné par Kisho Kurosawa dans d'autres projets
architecturaux y compris de musées ix
Pour répondre à une série de contraintes urbanistiques, qui n'avaient pas
été formulées avec précision au départ,
l'architecte adapta son premier avant-projet et en présenta en 1992 une
seconde version. Pour toute une série de raisons, politiques,
économiques, relationnelles
ce projet qui avait suscité
autant d'enthousiasme que de réactions parfois négatives (il ne
laissait donc personne indifférent) n'a pas pu être
réalisé. Il a cependant eu plusieurs effets importants pour notre
institution et pour le développement urbain.
Ce projet a tout d'abord relancé la réflexion urbanistique pour l'achèvement
du centre urbain, à savoir la fermeture de la Grand-Place et sa mise en
relation avec le lac. Le grand geste architectural et urbain du premier
avant-projet de K. Kurokawa a en effet marqué les projets en cours
d'élaboration actuellement.
Dans le cadre, d'une part de l'achèvement de la Grand-Place et d'autre
part du redéploiement des surfaces affectées à la
Faculté de Philosophie et Lettre, un nouveau projet architectural est en
cours délaboration et devra être achevé en 2003. Le
bureau d'architecture Philippe Samyn & Partners a été
chargé de concevoir les plans de la Grande Aula (grand auditorium
polyvalent de 1300 places) et ceux du musée qui avec le complexe des
cinémas inscrit dans le projet "Esplanade" achèveront le cur
de Louvain-la-Neuve.
Chacun des deux éléments qui composent l'immeuble du
musée (lun en forme de triangle, l'autre en forme de "botte")
comportera quatre niveaux, dont un en sous-sol. Avec un total de 4.000m2, la
surface sera quatre fois celle qui est disponible aujourd'hui, tant pour les
collections permanentes, que pour les espaces d'expositions temporaires, les
locaux de services et les réserves. Le passage qui mènera le
promeneur de la Grand-Place à la place Raymond Lemaire devant la Grande
Aula lui permettra de découvrir, par de hautes et larges baies
vitrée, l'intérieur de l'édifice et une partie de ses
collections.x
Ainsi le nouveau Musée, par son architecture et par sa
situation, participera plus encore à la dynamique culturelle du site de
Louvain-la-Neuve et il sera une vitrine particulièrement importante de
l'Université catholique de Louvain au cur de la ville qu'elle a
créée il y a 30 ans aujourd'hui.
i "Notice sur les collections scientifiques de l'Université
de 1835 à 1850", Annuaire de l'Université catholique de
Louvain, 1851, pp. 237-288.
ii Bernard VAN DEN
DRIESSCHE, "Les musées de l'Université" in Leuven /
Louvain-la-Neuve. Aller Retour, sous la direction de J. ROEGIERS et I.
VANDEVIVERE, (P.U.L.), Leuven, 2001, pp.131 - 140. Bernard VAN DEN DRIESSCHE,
"University and universality in Belgium", Museum international,
n°207/3 july-september 2000, pp.38 - 44.
iii Bernard VAN DEN DRIESSCHE, "Histoire des collections",
Courrier du passant, n°51 (avril-mai1997), pp.4-16.
iv Jean-Marie LECHAT, Louvain-la-Neuve. Trente années
d'histoires. (Edit. Academia Bruylant), Louvain-la-Neuve, 2001
v Ignace VANDEVIVERE et Bernard VAN DEN DRIESSCHE, Le musée
de Louvain-la-Neuve : de l'université à la cité", in Les
musées en mouvement. Nouvelles conceptions, nouveaux publics
(Belgique,Canada) (Bruxelles : ULB Ce,tre d'Etudes Canadiennes,2000),
pp.73-80.
vi Ignace VANDEVIVERE, "Visite au musée de
Louvain-la-Neuve", Académie royale de Belgique. Bulletin de la
Classe des Beaux-Arts, 5e série, tome LXII, n°s 4-9
(1980), pp. 78-83. Ignace VANDEVIVERE, "Le musée de
Louvain-la-Neuve", Vie des musées, vol.2(1979), pp.22-30.
Voir en outre le Courrier du passant. Bulletin du musée et des
amis du musée de Louvain-la-Neuve, n°10, 1989, 152 pages (10 ans
du musée) et n°64-65 novembre-décembre 1999, 108 pages (Le
musée a 20 ans). Voir encore le site web du musée
régulièrement actualisé à ladresse:
http://www.muse.ucl.ac.be.
vii Ignace VANDEVIVERE, "Musée erratique",
Courrier du passant, n°45 (février-mars 1996), pp.2-6.
viii Ignace VANDEVIVERE, "Le musée de Louvain-la-Neuve : un
dialogue entre l'Université et la cité" in Leuven /
Louvain-la-Neuve. Aller Retour, sous la direction de J. ROEGIERS et I.
VANDEVIVERE, (P.U.L.), Leuven, 2001, pp. 141 - 144.
ix Kisho KUROKAWA, Architecture de la symbiose 1979-1987,
Milan-Paris, Monographies darchitecture-Electa Moniteur,1987. Voir le
Courrier du passant, n°18 (mai-juin 1991), pp. 6 - 44
x Voir le Courrier du passant, n°18 (mai-juin 1991), pp. 6 - 44.
Copyright © 2001. Bernard Van den Driessche
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